Les Rab’packers au Cambodge vus par Maman !

Comme vous, nous suivons les aventures de Léna confortablement installés derrière notre écran, comme vous, nous nous réjouissons de ses moments de bonheur, nous tremblons avec elle quand ça devient périlleux, bon d’accord sans doute un peu plus que vous, nous sommes les parents et il est vrai que ce n’est pas facile tous les jours mais nous la soutenons à 300% dans son projet, c’est une belle aventure ! Nous avons décidé de venir partager sa vie de globe-trotteuse pendant deux semaines.

“Maman, il faut que tu racontes ton séjour ici, au Cambodge, sur mon blog …”

C’est tentant et nous décidons de l’écrire à trois, chacun donnant ses impressions, ses ressentis, sa vision de ce séjour, pour chacune des villes traversées. Moi, je ferai seule ce petit aparté décrivant ce qui nous a le plus dépaysé ou surpris dans notre quotidien, un regard décalé et naïf sur ce qui nous entoure. Les choses que Léna ne voit plus tant elle a appris à vivre avec !

Avant le départ…

Les préparatifs ont été laborieux, nous avons suivi la liste qu’elle nous avait préparée en rajoutant bien sûr quelques au-cas-où que nous allons sûrement regretter… Bref nous sommes partis avec un sac de 11 kg pour mon mari et 9 kg pour moi : le minimum pour 15 jours (dont 6 kg pour Léna en surprises diverses et variées, des trucs à manger ? Of course !! Mais pas que…).

Partis à 20h de Toulouse, nous sommes arrivés à 23h30 à Phnom-Penh. Oui, après 1 journée entière de voyage et 6h de décalage horaire !!! Première rencontre avec les locaux : les douaniers. 14 assis côte à côte qui se passent chaque passeport, le regardent ou le tamponnent et finissent par nous le rendre : tarif affiché 30$ mais nous devrons régler 35$, nous étions avertis … Ensuite, le sac à récupérer puis c’est enfin la sortie, le sac sur le dos !!! Bienvenue dans le monde des backpackers !!!
 Beaucoup de monde attend à la sortie, une jeune femme blonde plus grande que les autres, elle tient une pancarte : Papa & Maman <3

Premières impressions du Cambodge !

C’est alors la découverte du Cambodge, de la vie de backpacker, de notre fille en Asie, tellement elle … et pourtant si différente de celle que nous avons quittée il y a 6 mois ! Elle dégage une telle assurance dans ce monde que nous ne connaissons pas, elle nous dirige, nous rassure, nous raconte des tas d’anecdotes, c’est sûr, elle nous guidera pendant ces 15 jours, et nous la suivrons les yeux fermés ! Pour nous ménager après ce long voyage, elle a choisi un trajet en taxi pour aller à la chambre d’hôtel ; premier aperçu de la circulation dans la ville, il règne une grande confusion entre  les bus, les voitures, les “tuk tuk”, les motos, les vélos, les piétons, je les ai classés par ordre de véhicule prioritaire: du plus gros au plus petit … Mais l’ordre peut changer selon la nervosité des coups de klaxon qui signifient : “Je passe !” Les véhicules se croisent dans tous les sens, motos et voitures peuvent arriver en face, à contre-sens et à tout moment !!

Les trottoirs sont encombrés par les stands de street food, véhicules stationnés, objets divers et variés posés là ou abandonnés, bref quasi impraticables par les piétons qui sont alors obligés de marcher eux aussi sur la route, avec la circulation déjà très dense !

Puis, c’est l’arrivée à l’hôtel un endroit choisi là encore pour nous ménager et permettre une meilleure récupération : une grande chambre à deux grands lits (hors de question de se séparer si vite !), une salle d’eau WC … Ah oui , il faut décrire ce que nous trouverons à peu près partout : WC avec douchette pour se rincer sans utiliser le papier (le tout à l’égout n’existe pas encore, ne rien jeter dans la cuvette !), dans les endroits touristiques il y a du papier toilette et une poubelle pour jeter le papier après usage… Il y a souvent une douche température ambiante parfois un réglage d’eau chaude est possible. Mais le plus surprenant c’est que la plupart du temps, l’eau de la douche atterrit juste devant les WC, et les éclabousse du même coup !! L’évacuation de la douche est dans un coin, pas toujours dans le bon ! Je verrai aussi des seaux ou des petits “lavoirs” à côté du sanitaire avec un récipient qui flotte, parfois une casserole, pour évacuer les déjections, si pas de chasse d’eau. Plus tard, je verrai parfois une pancarte au-dessus des sanitaires rappelant qu’il est interdit de monter et se mettre accroupi sur la lunette des WC… Le lavabo s’évacue souvent par un tuyau qui s’écoule dans un coin de la pièce a proximité de l’évacuation de la douche.
 Mais pour l’heure, notre chambre est propre, accueillante, rassurante et avec chasse d’eau, papier toilette et poubelle 😋.

Léna est lasse de toujours porter les mêmes habits : nous en avons apporté d’autres sortis de sa garde-robe. Des produits d’hygiène qu’elle ne trouve pas où qui lui évoquent des choses rattachées à sa vie d’avant… Du chocolat, des M&M’s, des gâteaux, du foie gras, des rillettes et surprise une part de quiche lorraine que j’ai cuisinée avant le départ et qu’elle dévore en poussant des “Mmmh !!!! Trop bon !” de gourmandise. 
Puis après beaucoup d’histoires, de rires et d’échanges, il faudra aller se coucher pour trouver un sommeil réparateur dans l’attente des jours suivants, impatients et heureux.

Durant notre séjour …

 

.

.

.

Nous traverserons plusieurs marchés : tous très locaux, stands très chargés de marchandises, beaucoup de couleurs, de choix, … Les vendeurs attendent accroupis (position normale pour eux, ils peuvent rester des heures comme ça), dans un petit coin de leur étal super encombré. On peut y acheter habits, vaisselle, pièces de scooter, viande, poisson, fruits, légumes, produits cuisinés, jus de fruits, … Les produits alimentaires sont posés dans une bassine ou sur un carton à même le trottoir et tout le monde passe devant ; clients, chiens, poules, chats, rats, … Tout prix se négocie à la baisse, il y a de toute façon un prix pour touriste et un prix pour cambodgien.

.

.

.

Les stands de street food proposent parfois un petit espace ou une table pour manger sur place un plat parfois cuisiné devant nous… On choisit le plat, on s’installe, on se sert des couverts ou baguettes posées là dans un pot, on attrape un carré de papier pour les essuyer, on jette le papier par terre sous nos pieds (coutume de l’Asie), sauf si une poubelle a été mise à notre disposition sous la table, ce qui arrive quelques fois, … Non pas que l’on soit délicats, mais c’est la tradition avant de manger !!! Nous avons toujours pris 3 plats différents pour goûter à plus de spécialités, Léna était aux anges car notre gourmande est habituellement toujours frustrée devant l’étal car obligée de faire un seul choix, là c’était trop bien ! Tout était très bon, parfumé, parfois (trop) pimenté…

Nous avons aussi visité des temples, vu des Bouddha, des lieux de prière toujours vêtus un peu long, manches longues, ou un paréo recouvrant les épaules et les bras, en évitant la proximité des corps ou les échanges de tendresse qui pourraient choquer en ces lieux sacrés qui appellent au recueillement, la sérénité, il y a toujours des offrandes (café, boissons, fruits, encens,…). Nous avons croisé des moines, beaucoup de moines bouddhistes, très beaux dans leur robe (ou kesa) couleur safran. Quand nous avons été très matinaux, on les a même vu venir en porte à porte dans les commerces pour recueillir une “aumône” et protéger le lieu par des prières.

.

Nos échanges avec les cambodgiens sont toujours très amicaux, ils sont souriants, calmes, toujours désireux de nous faire plaisir, d’être agréables, spontanés dans les échanges, les relations sont saines … Nous avons aussi affaire à quelques personnes plus vénales, il faut toujours bien vérifier le rendu monnaie, mais on peut quand même laisser nos habitudes paranoïaques à la frontière ! Il faut les voir nous regarder avec curiosité et nous adresser le plus beau des sourires dès que nous croisons leur regard, parfois les surprendre en train de nous photographier, ou demander à poser avec nous le temps d’un selfie, tenter d’échanger quelques mots d’anglais “Hello, how are you ? What’s your name ?” Les enfants apprennent un peu d’anglais à l’école (pour ceux qui y vont !), ils sont encouragés par les parents dès leur plus jeune âge à nous saluer dans la rue avec un signe de la main, mais dès qu’ils savent parler ce sont des grands HELLO qui fusent d’un peu partout sur notre chemin, auxquels nous répondons toujours avec un grand sourire, ils sont si beaux et heureux de cet échange ! Quand nous passons en scooter sur la route , on les entend toujours même si on ne les voit pas forcément et on répond HELLO avec un signe de la main même si ils sont déjà loin derrière nous! Quand ils marchent au bord de la route et que nous passons en scooter ils tendent le bras pour checker nos mains, il faut de la prudence pour ne pas tomber ou les faire tomber, ni leur faire mal en tapant les mains.

 

.

.

.

.

Les mariages sont partout aussi : un immense chapiteau est monté devant la maison, même si c’est une grande route, même si c’est un petit chemin (qui est alors condamné !) pendant plusieurs jours, ils y mangent très nombreux, habillés de leurs beaux habits (rembourrés au niveau des seins et des fesses pour les filles !), des enceintes énormes et puissantes diffusent de la musique pour tout le quartier et ils chantent façon karaoké en fin de journée, jusque tard dans la nuit !

.

.

.

.

En parlant de musique, le cambodgien est partageur : Nous avons vu un monsieur sur un banc dans un jardin publique venu écouter sa musique avec une enceinte posée à côté de lui … à quoi bon mettre des écouteurs ! Quand ils téléphonent, c’est toujours avec le haut parleur ! Et au sujet des téléphones, ils en ont quasiment tous et passent énooooooormément de temps sur Internet ou à téléphoner, même en travaillant, même en scooter ! Les services sont peu ou mal informatisés, tout se fait par téléphone !



Les animaux dans ce pays

J’ai généralement peur des animaux, mais ici, c’est particulier. Tout d’abord, les plus fréquents, les chiens, ils sont partout, en liberté, se déplacent souvent à plusieurs, nous suivent, se couchent à nos pieds, sans jamais s’occuper de nous, sans territoire, ils ne sont pas agressifs. Ils voient des deux roues toute la journée sans les poursuivre, ils vivent avec les poules et les canards, sans chercher à les croquer, me voilà (un peu) réconciliée avec cette espèce. Léna me dit que le soir ils ressemblent aux nôtres et aboient ou cours après les scooters, mais je n’en ai pas vu, il faut dire qu’avec la chaleur, ils dorment la plupart du temps. Des chats il y en a partout aussi, y compris sur les marchés. Les singes que nous avons vus dans la ville à Kep sont chassés à coup de lance pierres par les locaux qui ne veulent pas les voir chaparder sur leurs stands, énervés, on les sentait un peu agressifs, normal ! Mais aussi dans la nature, avec leurs petits, en train de se nourrir, trop mignons ! Les coqs qui chantent dès le matin (grrr !!!) en compagnie des poules et canards, ils sont partout dans les rues et au bord des routes, dans les maisons, mais aussi dessous ou dessus !! Les geckos, sorte de lézards plus ou moins gros, que l’on voit partout, sur tous les murs, dans les maisons, le plus gros a passé la nuit à veiller sur nous à Kho Rong Samloem, heureusement la fatigue a eu raison de moi et au petit matin il avait disparu, mais le soir il était revenu… Nous avons aussi sauvé une grenouille qui se noyait dans une bassine d’eau ! Certaines logeaient sous notre bungalows, un bonheur la nuit quand elles croassent !!!! Après, il y a toutes ces charmantes bestioles que j’avais peur de rencontrer araignées, cafards, mille pattes, … J’en ai vu assez peu en fait, et pas là où je les pistais (les sanitaires !). Non, tout s’est bien passé !!!!

En résumé, que vous compreniez bien la situation, il est difficile de dormir la nuit ici, imaginez … la chaleur devient plus supportable mais tous ces petits êtres vivants sont donc en éveil et ont besoin de s’exprimer : le coq, bien sûr, les chiens, les chats, les gêckos, les grenouilles, le toit traditionnel en palmier tressé grouille de vie aussi et entraîne des petits bruits, craquements, nous avons profité selon nos lieux de villégiatures, du moteur des bateaux qui partent à la pêche dès 4 heures du matin, l’appel à la prière dans certains quartiers avant de s’endormir et dès 5 heures le matin, la musique des mariages, la circulation, les bruits de la rue, mais aussi à cause  du décalage horaire, de la chaleur ou à l’inverse du froid de la climatisation.

Petite précision sur l’histoire du Cambodge

Sous le régime khmer rouge de Polpot, entre 1975 et 1979, 20℅ de la population a été exterminée (voir article sur Phnom-Penh pour plus de détails), notamment les plus âgés. La conséquence, 40 ans plus tard, c’est que 50℅ de la population a moins de 20 ans, la jeunesse est partout, mais la pauvreté est omniprésente, la scolarité est payante, les enfants travaillent donc avec les parents, certains prendront deux ou trois heures de cours dans la journée pour acquérir un minimum, mais ils sont (trop) peu nombreux. Nous avons rencontré un chauffeur de tuk tuk qui nous a dit avoir choisi son métier dès l’âge de 16 ans puis avec l’argent gagné, il a remboursé ses parents pour l’investissement et leurs sacrifices pour lui, il a pris des cours de français, maintenant il continue d’étudier pour devenir guide et accompagner des touristes français pour visiter les temples d’Angkor, et après ? Il aimerait apprendre l’anglais, tout ça alors qu’il n’a que 23 ans. Quelle volonté !!!

En conclusion, ce voyage nous a permis de découvrir un très beau pays, des hommes, des femmes, des enfants magnifiques, des coutumes de vie très éloignées de notre vie occidentale. La vie de backpacker nous a plongés dans leur quotidien avec un regard innocent, une ouverture d’esprit, sans jugement. Nous avions quitté notre étiquette de touristes pour partager leurs repas, leurs moyens de transports, leurs habitations, être au plus près d’eux. Beaucoup de beaux moments liés à cette proximité.

La vie de globe trotteur est agréable mais impose beaucoup d’organisations personnelles pour planifier le voyage, les lieux à visiter, comment s’y rendre, la météo, le rituel quotidien : je mange où ? quoi ? prix ?  je dors où ?, toujours mise en sécurité de mes affaires car c’est ma vie. Repérage dans chaque ville, organisation de la journée du lendemain, tout en profitant du moment, des rencontres, … C’était bon de nous en remettre à Léna qui gérait tout parfaitement, mais il faut le dire : compliments pour cette aisance quelle que soit la situation !

Enfin, un grand bonheur de t’avoir retrouvée, d’avoir pu te toucher, te prendre dans nos bras car même si nous avons le bonheur depuis 6 mois de vivre tes aventures en même temps que toi (merci internet !) le manque est bien présent. Un soulagement de t’avoir vue aussi à l’aise dans ce pays si éloigné de nos repères occidentaux et tellement accueillant, oserai-je dire chaleureux. Mais surtout rassurés en voyant ton visage épanoui, ton sourire radieux, le bonheur, l’enthousiasme qui se dégagent de toi.

 

Continue de profiter de ce qui s’offre à toi, de partager ces moments extraordinaires et uniques avec les gens que tu rencontres, de vivre pleinement ta vie. Bon voyage ma fille !